20 Février 2015

Rosetta est passée à 6 000 m de la surface de 67P

Samedi 14 février 2015 à 12h41 TU (13h41, heure de Paris), Rosetta a survolé à près de 6 000 m d’altitude la région d’Imhotep, cette vaste zone à l’aspect soyeux qui s’étend sur le grand lobe du noyau de la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko. Retour en image sur cet épisode.

Belle Saint-Valentin pour Rosetta

Le survol du samedi 14 février 2015 a été une totale réussite pour Rosetta. Dès le 4 février dernier, la sonde européenne avait effectué une manœuvre pour quitter l’orbite qu’elle parcourait à 26 km de distance du centre du noyau. S’éloignant progressivement de la comète, elle se retrouvait à 142 km de distance le 7 février et une manœuvre la lançait sur un arc qui allait la ramener à une centaine de km du noyau le 11 février.

Arrivée là, une nouvelle impulsion déviait sa course et, 3 jours plus tard, à l’orée du 14 février, elle se présentait à une cinquantaine de km du noyau et pouvait faire une dernière correction de sa trajectoire pour survoler le grand lobe à 6 000 m d’altitude quelques heures plus tard. Cette longue séquence avait été minutieusement préparée en tenant compte des impératifs de navigation et des demandes des responsables scientifiques de la mission. Le but était de plonger dans le nuage de gaz et de poussières émis par le noyau et de passer au plus près de la surface dans les meilleures conditions d’ensoleillement, Soleil proche du zénith, tout en restant dans les limites de sécurité pour la sonde. Encore assez loin de son périhélie, le moment où la comète passe au plus près du Soleil, le noyau ne dégaze pas de façon très intense et ne perturbe pas vraiment la trajectoire et l’attitude de Rosetta. Mais, dans les mois qui viennent, le dégazage va croître fortement et il ne permettra plus des survols aussi rasants.

Bien évidemment, tous les instruments de l’orbiteur étaient mobilisés lors de ce survol. Aussi bien les caméras que les capteurs susceptibles de collecter et d’analyser des échantillons de gaz et des poussières fraîchement relâchées par le noyau. Les données scientifiques sont en cours de récupération et d’analyses, mais les images de la caméra de navigation ont d’ores et déjà été diffusées par l’ESA et elles offrent quelques perspectives très spectaculaires sur différentes régions du noyau.

4 séries de 4 images de la caméra de navigation ont été récupérées peu avant et après le survol. Rappelons que ces images sont indispensables pour l’équipe de navigation de l’orbiteur, car elles permettent de reconstruire très précisément sa trajectoire par rapport à la comète ; elles sont réalisées au rythme de 5 séquences de 4 images par période de 24 heures.

À 35 km de distance

La 1ere série de 4 images a été réalisée à 35 km de distance du centre du noyau, le 14 février 2015, 8 heures avant le passage au plus près (4h32 TU). Elle montre le petit lobe et la grande dépression d’Hatmehit à côté de laquelle Philae se situe. La résolution des images est de 3 m/pixel et chaque image couvre un champ de 3 km de côté. Vous pouvez télécharger les 16 images prises par la caméra de navigation le 14 février 2015 en cliquant sur ce lien (fichier zip de 16,5 Mo).

Vous pourrez ainsi tenter de réaliser vos propres mosaïques, comme celles que prépare soigneusement Thomas Appéré et dont vous pouvez voir quelques exemples ci-dessous ou sur son site.

À 12,6 km de distance

La 2e série a été obtenue vers 10h15 TU à 12,6 km du centre du noyau, soit approximativement 10,6 km de la surface du grand lobe qui est au premier plan ; le cou et une portion de la tête (petit lobe) apparaissent en arrière-plan. La résolution est de 1,1 m/pixel et chaque image couvre un champ de 1,1 km de côté.

À 8 900 m d’altitude

Les images de la 3e série ont été prises à 14h15 TU le 14 février 2015, soit près d’une heure et demie après le survol le plus rapproché. Rosetta se situait alors à 8 900 m d’altitude au-dessus de la région d’Imhotep, sur le grand lobe, qui est visible légèrement de biais. La résolution de 76 cm/pixel permet de voir une grande variété de détails. Notez que l’angle de prise de vue par rapport à l’éclairage solaire permet de voir des petites ombres à la surface, notamment au pied du grand bloc appelé Cheops (en haut de la mosaïque, au centre).

Au moment le plus rapproché du survol, le Soleil se situait exactement dans le dos de l’orbiteur et la caméra OSIRIS-NAC devait enregistrer des images à très haute résolution dans cette géométrie bien particulière.

À 31,6 km de distance

Le 14 février 2015, la caméra de navigation a réalisé sa 4e série d’images du noyau à 19h42 TU. Rosetta se situait à 31,6 km de distance du centre du noyau ; chaque champ mesure 2,8 km de côté et la résolution est retombée à 2,7 m/pixel.

L’orientation du noyau est impressionnante, avec le petit lobe qui semble être en suspension au-dessus du grand car le cou est plongé dans son ombre. Les mouvements du noyau et de la sonde entre les 4 images sont bien visibles et rendent très délicate la réalisation d’une mosaïque globale.

Communication et position

Après son survol du 14 février 2015, Rosetta a poursuivi sa trajectoire et, le mardi 17 février, elle a atteint une distance de 253 km. De nouvelles manœuvres vont lui permettre de revenir à près de 88 km de distance au début du mois de mars.

Vue de la Terre, la comète 67P/Churyumov-Gerasimenko se situe actuellement dans la constellation du Capricorne, non loin de la position apparente du Soleil, ce qui complique les communications radio avec Rosetta dont le débit est actuellement réduit à 14 kilobits par seconde au lieu de 91 kbps dans les meilleures conditions. Cette période de conjonction va durer jusqu’à la fin février.

Le 20 février à 0 h TU, Rosetta et sa comète se situaient à 340,4 millions de km du Soleil et à 486,7 millions de km de la Terre.

Rosetta est une mission de l’ESA avec des contributions de ses États membres et de la NASA. Philae, l’atterrisseur de Rosetta, est fourni par un consortium dirigé par le DLR, le MPS, le CNES et l'ASI. Rosetta est la 1ere mission dans l'histoire à se mettre en orbite autour d’une comète, à l’escorter autour du Soleil, et à déployer un atterrisseur à sa surface.