Crédits : AVISO/CNES/CLS 2015.
Jeu : trouver les différences ! El Niño est visible en rouge sur ces images qui présentent les anomalies de hauteur de mer. L'image de gauche est issue des observations réalisées par le satellite franco-américain Topex-Poséidon en novembre 1997 lors du "Niño du 20e siècle''. L'image de droite compile des mesures effectuées en novembre 2015 par Jason-2, Saral-Altika, HY-2A et Cryosat.
Beaucoup de ressemblances, mais en 2015 l'anomalie ne touche pas complètement les côtes sud-américaines : l'amplitude est encore légèrement inférieure à celle de 1997. Cela sera-t-il encore le cas en décembre 2015 ?
Lorsqu'il est intense, El Niño met les climats du globe sens dessus-dessous : sécheresses ici, pluies diluviennes là, cyclones gargantuesques ailleurs... Durant l'hiver 1997-1998, l'enfant terrible du Pacifique avait touché 110 millions de personnes, causé la mort de 24 000 d'entre elles lors de tempêtes et d'inondations, induit 40 milliards de dollars de dégâts notamment sur les productions agricoles et la pêche selon les Nations Unies.
El Niño impacte aussi la température à l'échelle planétaire. L'enfant terrible du Pacifique se cache, en partie, derrière le record d'octobre 2015 : +1,04°C par rapport à la référence climatologique calculée sur 1951-1980. Du jamais vu !
Comment les satellites repèrent-ils El Niño ?
Poche d'eau chaude située sous la surface, El Niño induit une élévation du niveau de la mer sous l’effet de la dilatation des molécules d'eau. Les satellites altimétriques sont capable de ''voir'' cette ''bosse'' et de suivre sa propagation depuis l’Ouest du Pacifique jusqu'aux côtes sud-américaines. Lorsque l'épisode est intense, comme c'est le cas actuellement, le niveau de la mer est surélevé de 25 cm par rapport à la moyenne sur l'ensemble du bassin Pacifique.
"Les prémices d'un événement El Niño sont apparus très tôt cette année, au mois de mars. En 2014, un événement s'était également annoncé mais il avait avorté au bout de quelques mois. En 2015, il n'a cessé de croître. Il devrait atteindre son paroxysme fin décembre puis disparaître au printemps" indique Emilie Bronner, experte des satellites altimétriques au CNES.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Avec le réchauffement climatique, la fréquence des El Niños extrêmes pourrait doubler au cours du 21e siècle – 1 tous les 10 ans contre 1 tous les 20 ans au siècle dernier –? selon des travaux publiés dans Nature Climatic Change en 2014. Le CNES est l'un des acteurs majeurs de l'altimétrie spatiale au niveau international. Nous sommes partenaire des États-Unis (satellites Topex-Poséidon, Jason-1, Jason-2 , Jason-3, Jason-CS, SWOT), de l'Europe (ERS, ENVISAT, Cryosat, Sentinel-3, Sentinel-6), de l'Inde (Saral-Altika) et de la Chine (HY-2A).
L'altimétrie et le CNES, une histoire qui dure
Cette place centrale du CNES dans l'altimétrie nous permet de développer les complémentarités et les synergies entre les différentes missions dédiées à l'observation des océans, mais aussi d'assurer un interétalonnage des mesures effectuées par les instruments. Car comme le souligne Philippe Escudier, responsable de la thématique océan/cryosphère au CNES : "pour cartographier l’océan, un seul satellite altimétrique est insuffisant, il en faut 3 à 4 en vol simultané pour que cette cartographie puisse avoir une résolution de 80-100 km".