28 Octobre 2019

[ENTRETIEN] Le CNES fait son cinéma : la preuve par Shaun

L’espace fait rêver petits et grands. Pour tous ceux qui n’ont pas la chance d’y voyager comme Shaun le Mouton ou encore comme Thomas Pesquet, il y a le cinéma pour plonger dans l’espace, comme si vous y étiez ! Le CNES l’a bien compris. Rencontre avec Nathalie Melcer, responsable des partenariats audiovisuels au CNES.
Le CNES fait son cinéma ? Pourquoi ?

Nathalie Melcer : Une des bases des représentations et de l’imaginaire collectif dans le domaine spatial trouve ses sources dans le cinéma, notamment dans les films de science-fiction et d’animation. De 2001, l’Odyssée de l’Espace  en 1968 à Shaun le Mouton le film, la Ferme contre-attaque en 2019, le 7e art fait rêver des générations d’enfants et d’adultes autour d’un thème fédérateur : L’Espace.

Et quand au CNES, nous travaillons avec le monde du cinéma et choisissons d’apporter notre soutien à un film, nous proposons un partenariat sur-mesure. Il peut s’agir d’un apport technique et scientifique pour l’écriture du scénario grâce aux conseils de nos experts, de la mise à disposition d’images, d’un accès  à nos locaux ou à ceux de nos partenaires pour un tournage, ou encore d’une mise en relation avec l’ESA ou d’autres agences spatiales étrangères. Quand une production internationale nous sollicite, c’est souvent pour accompagner la sortie de leur film sur le territoire français.

La frontière entre réalité scientifique et fiction est parfois difficile à distinguer pour le grand public ; c’est pourquoi nous organisons des rencontres ou des interviews avec nos spécialistes lors d’avant-premières. Ils sont souvent obligés de rétablir quelques vérités ! Alors, non, effectivement, l’Homme n’est pas encore allé sur Mars, il n’y a pas cultivé des pommes de terre et il n’est pas capable de se téléporter non plus.   

Mais si ces films peuvent créer des vocations et être aussi parfois source d’inspiration, alors c’est une réussite pour le CNES et c’est pourquoi nous les soutenons. Ainsi par exemple, nous avons été ravis d’être partenaire du film de Marie-Sophie Chambon 100 kilos d’étoiles (2019), un film sensible dont l’héroïne est une jeune fille passionnée d’espace, qui découvre nos métiers.

Cela a valorisé nos équipes et puis n’oublions pas que les personnes qui travaillent dans le spatial sont souvent des cinéphiles et de grands fans de science-fiction !

Partenariats récents du CNES

Le saviez-vous ? #SoyezSympaRembobinez

Ciel d’octobre (1999) : c’est le film qui a révélé le jeune Jake Gyllenhaal au cinéma mais c’est aussi le premier partenariat du CNES avec le monde du cinéma, il y a vingt ans. Cette histoire vraie d’un fils de mineur qui devient ingénieur à la NASA pour réaliser son rêve d’espace a été accompagné lors de sa sortie en France par le CNES via notamment des conférences d’experts lors des projections ou encore un concours sur internet pour faire gagner des goodies. Goodies qui, à la fin du concours, n’avaient pas tous trouvé preneur faute de participants… c’est dire comme les temps ont changé !

En quoi les partenariats avec le cinéma sont-ils en lien direct avec la mission du CNES ?

Nathalie Melcer : L’une des missions de la direction de la communication du CNES est la diffusion de la culture scientifique et technique, et il est clair que dans un monde où l’image a pris une place grandissante dans les modes de communication et d’apprentissage, la création audiovisuelle et le cinéma y prennent toute leur place.

La sensibilisation et l’éducation du jeune public aux problématiques et activités du domaine spatial est aussi une de nos missions et nous avons un service dédié, tourné vers les enseignants, les étudiants et les scolaires qui a aussi accompagné certaines sorties de films avec, entre-autres, l’édition de livrets pédagogiques spécifiques.

Notre logique de partenariat s’étend à d’autres formats et types de productions, comme le documentaire scientifique pour la télévision ou le web et concerne une douzaine de films par an. L’année 2019, où nous célébrons l’anniversaire du premier pas de l’Homme sur la Lune, a d’ailleurs été particulièrement propice à la création audiovisuelle, au cinéma comme ailleurs.

Nous sommes également, depuis 14 ans, parrain du prix « Innovation » des collégiens du festival du documentaire scientifique Pariscience. A cette occasion des experts du CNES se rendent dans des écoles avec des réalisateurs pour leur parler de leurs parcours et de leurs métiers.

Un des objectifs est aussi d’apprendre aux élèves à avoir un œil critique face à leur écran et à reconnaître une démarche scientifique rigoureuse d’un autre type de démarche, qui relève davantage de la fiction.

En quoi Shaun le Mouton est-il emblématique de cette politique de partenariats ?

Nathalie Melcer : On ne peut pas faire du spatial tout seul ! Unir ses forces pour atteindre des objectifs communs et ambitieux est ce que l’aventure spatiale nous a appris. Une communauté de moutons qui se mobilise pour construire une fusée et permettre à une petite créature, Lu-La, de retourner auprès des siens est une belle image, qui reflète bien l’esprit de ce que nous, au CNES, bâtissons ensemble au quotidien. C’est ce que pourront découvrir les enfants et leurs parents en regardant ce film !

Associer le rayonnement du CNES à l’univers de Shaun : une réelle opportunité pour nous ! 

Marine Malibrera, Chef de projet marketing, Distribution Salles France de Studiocanal (distributeur français de Shaun le Mouton le Film - la Ferme contre-attaque)

" Pour Studiocanal, il est important d'ancrer nos films dans des référentiels réels. Pour ce nouvel opus de Shaun le Mouton, la dimension spatiale paraissait naturellement très intéressante à travailler en termes de narration avec l'ESA au niveau européen d’une part, et d’autre part avec le CNES pour accompagner la sortie française . Bénéficier de l'aura du CNES en tant qu'institution spatiale nationale et l’associer à Shaun le Mouton nous permet à la fois d’obtenir une visibilité importante auprès de notre public, et de développer une association d’image pertinente et porteuse de sens. "



SHAUN LE MOUTON le film : LA FERME CONTRE-ATTAQUE

Comme Montauciel en 1783, Shaun devra doit se préparer à voler dans « La ferme contre-attaque ». Un vaisseau spatial s’est écrasé. A son bord, une adorable et malicieuse petite créature, prénommée LU-LA. Le célèbre mouton accompagné du chien Bitzer et de tout le troupeau de « Mossy Bottom Farm » devra aider Lu-La à repartir vers sa planète... Mais c'est sans compter sur une sinistre organisation qui veut la capturer. Que pourront-ils faire avant qu'il ne soit trop tard ? Accrochez vos ceintures et préparez-vous pour une épopée… A se tondre de rire !

En salle depuis le 16/10/2019.

Pouvez-vous en dire plus sur les prochains partenariats cinéma du CNES ?

 Nathalie Melcer : Je ne peux pas vous dévoiler les détails de nos prochains partenariats cinématographiques, car ce sont des projets qui sont en phase d’écriture et donc confidentiels. Ce que je peux dire en revanche, c’est que 2 de ces productions sont françaises. Ce sont des films de fiction mais leurs réalisateurs ont souhaité un certain réalisme technique et scientifique, raison pour laquelle ils se sont tournés vers nous.

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Soirée live réseaux sociaux au Crealab Crédits : © CNES/TRONQUART Nicolas, 2018

« Le CNES comme passeur de savoir sur Internet aussi », Mathilde De Vos, Social Media Manager au CNES

La longue histoire des partenariats audiovisuels du CNES ne s’arrête pas aux média traditionnels. Pour parler d’espace aux jeunes, il faut aller les chercher là où ils sont déjà. C’est pourquoi nous travaillons avec des vidéastes, notamment sur YouTube. Nous sommes aussi bien force de proposition au niveau des sujets qu’en réponse à des sollicitations spécifiques de partenariats. L’important est de proposer des projets sur-mesure et nous sommes à l’écoute des demandes qui nous sont adressées. On travaille, bien sûr, avec la communauté des influenceurs du spatial mais pas seulement. Le but de cette démarche c’est de construire une opération qui fait sens pour le CNES, pour les influenceurs et leur audience.

Mon meilleur souvenir pour traduire cet état d’esprit, c’est l’émission proposée lors de l’atterrissage de SEIS sur Mars. On a confié 3h de direct sur notre chaîne YouTube à des influenceurs, dans le cadre d’une opération avec un fort enjeu pour le CNES. Un très gros travail amont a été fait en interne et avec les vidéastes. Le résultat était plus qu’à la hauteur de nos attentes et a déclenché de nouvelles sollicitations.

On a cette chance de couvrir des événements qui sont « un peu dingue » - avouons-le - qui ont lieu sur une autre planète, sans image, sans télémétrie et on arrive à en faire une émission en direct sur internet, qui intéresse un large public, c’est une chance incroyable !
Nous travaillons actuellement sur un appel à contributions concernant une nouvelle série de vidéos. A suivre...