September 27, 2013

Glaciers, les satellites tirent la sonnette d'alarme

Les satellites offrent des images spectaculaires des glaciers de notre planète. Ils apportent aussi des preuves inquiétantes de leur déclin, avec pour conséquence la hausse du niveau des océans.
Credits: NASA/GSFC/METI/Japan Space Systems and U.S./Japan ASTER Science Team.

Depuis lundi 23 septembre, le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) est réuni à Stockholm pour valider son dernier rapport scientifique. Les projections sur la montée du niveau des océans devraient être revues à la hausse.

En mai dernier, une étude internationale montrait que la fonte des glaciers (hors calottes polaires de l'Antarctique et du Groenland) était responsable de 30% de la montée du niveau des mers entre 2003 et 2009. Pour le déterminer, les chercheurs se sont basés sur les données fournies par les satellites ICESat et GRACE. Sans les satellites, impossible de suivre l'évolution de ces mastodontes de glaces situés souvent dans des régions difficiles d'accès et aux conditions météorologiques extrêmes. Sur les 200 000 glaciers de notre planète, seules quelques dizaines sont visités régulièrement par des glaciologues. « Le recours à des satellites dotés d'instruments différents est aussi essentiel » souligne Etienne Berthier, chercheur au LEGOS et co-auteur de l'étude publiée dans le revue scientifique américaine Science. Chaque satellite a en effet ses avantages et ses inconvénients.

Par exemple, les satellites munis d'altimètres lasers mesurent très précisément la hauteur sous eux. Inconvénient : ces mesures sont ponctuelles. Dans le cas d'ICESat : tous les 170 m le long de « traces » espacées de plusieurs km. Avantage : cet échantillonnage permet d'avoir une idée de l'état de l'ensemble des glaciers à la surface du globe.

A l'inverse, les satellites optiques (SPOT, Pléiades, Terra, Landsat...) permettent des études détaillées à l’échelle régionale, par exemple sur des zones larges de 120 km pour SPOT-5. Les glaciologues peuvent alors mesurer une avancée ou un recul de langues glaciaires, mais aussi déceler une variation du volume des glaces. Ils regardent pour cela la carte en 3 dimensions réalisée à partir de couples d'images stéréoscopiques. Ces satellites prennent en effet, non pas une, mais 2 images d'une même région, selon des angles différents. Le paysage peut alors être « redressé » selon une technique semblable à celle qui nous permet de voir un film en 3D, lunettes sur le nez. Les glaciologues donnent ainsi « corps »aux glaciers et peuvent déterminer s'ils ont grossi ou maigri.

* Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat.

En plus

L'utilisation de SPOT-5 par les glaciologues a été généralisée grâce au projet SPIRIT financé par le CNES et initié dans le cadre de la 4e édition de l'Année Polaire Internationale (2007-2009). Des images de nombreux glaciers polaires ont alors été acquises par SPOT-5 et distribuées gratuitement à la communauté scientifique mondiale. Depuis, le soutien du CNES a permis de mener des études sur l'Himalaya et de lancer de nouveaux projets sur la Patagonie, les Andes centrales et l'ouest du Canada dont les glaciers ont été identifiés comme principaux responsables de l'augmentation du niveau des océans.

Légende image principale : Le glacier Öræfajökull recouvrant le plus haut volcan d'Islande, image prise le 13 septembre 2002 par le satellite américain Terra.

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